L’on parle du haut potentiel depuis l’Antiquité, bien que le sujet soit de plus en plus étudié depuis une quinzaine d’années. Actuellement, de nombreuses études montrent, par une série de spécificités neurophysiologiques, qu’il s’agit bien d’une réalité et pas d’une vue de l’esprit.
Définir le haut potentiel n’est pas chose aisée. Selon les recherches actuelles, l’on peut dire que le fonctionnement d’une personne à haut potentiel se caractérise par des aptitudes au-dessus de la norme dans un ou plusieurs domaines intellectuels. Ce fonctionnement particulier se traduit bien souvent dans le domaine des apprentissages.
Concrètement, cela signifie que le cerveau des personnes HP fonctionne plus rapidement et plus efficacement. Ce cerveau plus rapidement mature leur permet de réaliser des apprentissages plus précoces et plus complexes par rapport aux personnes dont les capacités se situent dans la norme.
Il est cependant important de replacer le haut potentiel d’une personne dans son histoire et son vécu, et de tenir compte des répercussions de ce mode de fonctionnement dans les diverses sphères de sa vie, tant privées que professionnelles. Il est possible que certaines personnes rencontrent des difficultés liées au mode de fonctionnement HP, mais ce n’est pas systématique et certaines difficultés ne sont pas dues au haut potentiel. Beaucoup d’éléments (environnementaux, psychologiques…) interviennent dans le développement d’une personne et certains peuvent freiner ou bloquer les hautes capacités qui ne sont alors pas exploitées.
C’est pourquoi il peut être utile de passer un bilan (entretiens, tests qualitatif et quantitatif) afin de mieux appréhender son mode de fonctionnement. Cette nouvelle perspective peut donner une autre compréhension, un autre regard sur son vécu, permet de prendre conscience de certains freins, d'augmenter la confiance en soi ou de restaurer une image de soi parfois vacillante... Envisager l'avenir avec une meilleure compréhension de soi permet d'oser plus et mieux.
Afin de mettre le haut potentiel en évidence, il est nécessaire de passer par un bilan intellectuel. Si les résultats du test de QI mettent en évidence une ou plusieurs capacités qui s’éloignent de la norme de manière significative, l’on peut alors parler de haut potentiel. Les échelles de Wechsler (WISC-V pour les enfants, WAIS-IV pour les adultes) sont les tests les plus utilisés pour évaluer le fonctionnement intellectuel.
Le QI est donc une information indispensable dans l’identification du haut potentiel, toutefois, il est nécessaire de l’associer à d’autres éléments d’évaluation afin de comprendre les besoins spécifiques ainsi que le fonctionnement de la personne dans sa globalité.
Le bilan d’identification du haut potentiel comprend l'entretien initial (ou anamnèse : c'est une première rencontre qui permet de préciser la demande de la personne), le ou les séances d'évaluation (bilan qualitatif et test de QI), et l'entretien de restitution.
Je ne pratique plus pour le moment les tests d'identification du HP. Je vous conseille pour cela les Consultation Psychologiques Spécialisées Personnes à Haut(s) Potentiel(s), à l'UCL.
https://uclouvain.be/fr/instituts-recherche/ipsy/cps-personnes-a-haut-s-potentiel-s.html
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Le cerveau des personnes à haut potentiel ne fonctionne pas de manière totalement différente de celui des autres personnes, mais il existe quelques distinctions au niveau de la rapidité de développement de certaines zones cérébrales ainsi que de la densité et de l’intensité de l’activation de certaines zones du cerveau (fronto-pariétal).
Dans le cerveau, il y a la matière grise, la matière blanche et entre 90 et 100 milliards de neurones. La matière grise traite et stocke les informations, tandis que la matière blanche permet la transmission de l'information (à l'instar des lignes qui connectent les téléphones de différentes villes, les câbles blancs de la matière blanche relient les neurones d'une région du cerveau à une autre).
Des études ont observé que le cerveau des personnes HP est plus rapide et plus efficace :
L’information est traitée plus rapidement car la gaine de myéline (substance blanche) qui entoure et isole les bras des neurones et qui assure la transmission de l’information est plus épaisse chez les personnes à haut potentiel. Cette meilleure isolation permet une propagation de l’information plus rapide et plus efficace.
Le cerveau est plus efficace car les personnes à haut potentiel utilisent de manière plus ciblée les aires corticales nécessaires à l’accomplissement d’une tâche. En ayant recours à un réseau de neurones mieux ciblé, elles sont plus performantes dans des tâches « simples ». Les personnes à haut potentiel consomment donc moins d’énergie pour une certaine tâche en rapport aux personnes dont le Q.I. se trouve dans la norme.
Il y a plus de connexions entre les régions du cerveau, au sein d’un même hémisphère mais aussi d’un hémisphère à l’autre. Les neurones ont un réseau plus étendu et le transfert d’informations est plus rapide. Le réseau conceptuel des surdoués est donc très riche.
Il y aurait également plus de matière grise, donc un réseau de densité et d’efficacité plus élevé, en particulier dans la zone préfrontale (réseau fronto-pariétal). Cette zone est dévolue au langage, à la mémoire de travail, au raisonnement, et plus généralement aux fonctions exécutives et permet donc une pensée élaborée. Le lobe frontal est le centre de contrôle du cerveau : le grand chef d'orchestre. Il contrôle nos comportements les plus complexes tels que la prise de décision, les émotions ou la créativité.
D’autres recherches ont mis en avant une maturation plus rapide du cerveau. Les jeunes à haut potentiel peuvent donc avoir accès de manière plus précoce à des concepts complexes et à une pensée abstraite.
La durée de sommeil paradoxal d’enfants de dix ans est aussi élevée que celui de très jeunes enfants. Or, le sommeil paradoxal est la phase de sommeil qui consolide les acquis de la journée, qui est dévolue à la plasticité cérébrale et à la mémorisation des informations de la journée.
Comment pouvons-nous repérer les personnes HP ? Existe-t-il des caractéristiques spécifiques à ce fonctionnement ? À l’heure actuelle, la recherche n’a pas encore pu valider de manière scientifique un questionnaire ou une liste qui puisse identifier une personne à haut potentiel. Toutefois, il y a certains comportements que l’on peut observer à l’école ou à la maison et qui proviennent directement des spécificités cognitives et cérébrales.
Dans la petite enfance, l’on peut remarquer, grâce au cerveau plus rapidement mature, que l’acquisition de la marche, du langage, de la lecture ou du calcul se fait plus précocement. Mais il est tout-à-fait possible que certains enfants HP ne présentent pas cette avance développementale. L’on peut également remarquer un plaisir aux apprentissages complexes que l’enfant vivra comme stimulants.
Dans le cadre scolaire, il est possible que certains enfants HP trouvent le rythme d’apprentissage beaucoup trop lent et s’ennuient en classe. Mais cet élément est à prendre avec prudence, car un enfant peut s’ennuyer en classe pour diverses raisons.
Le fait que d’autres personnes aient été identifiées à haut potentiel au sein de la famille est également un indice à prendre en considération.
Différentes caractéristiques sont positivement corrélées au QI. Il existe un lien entre le QI et la créativité : les personnes à QI élevé ont tendance à avoir des scores de créativité élevés. Les personnes HP seraient également plus ouvertes à la nouveauté (niveau de preuve moyen), moins anxieuses (bon niveau de preuve). (Cf Gauvrit, 2014).
En dehors de ces quelques éléments, et contrairement à ce que l’on peut lire fréquemment, les études scientifiques n’ont pas mis en lumière de manière catégorique les caractéristiques spécifiques aux personnes à haut potentiel. S’il est vrai que certains traits tels que l’intensité affective, le perfectionnisme ou encore les difficultés relationnelles, peuvent être présents chez certaines personnes à haut potentiel, les études scientifiques sur le sujet montrent toutes des conclusions similaires : « ces traits ne sont pas significativement plus présents au sein de la population à haut potentiel qu’au sein de la population tout-venant » (Brasseur et Cuche, 2017).
Mais bien évidemment, dans l’accompagnement d’une personne, toutes ces caractéristiques sont essentielles et à prendre en considération afin de comprendre le fonctionnement de la personne dans son entièreté.
Il est indispensable de prendre en compte le contexte de vie de la personne lorsqu’on identifie le haut potentiel. L’être humain puise dans son environnement les ressources dont il a besoin pour son bien-être. Les opportunités de se réaliser ainsi que les caractéristiques personnelles ont également un impact sur son bien-être. Le haut potentiel est une des facettes de ce qui compose le mode de fonctionnement d’une personne.
Certaines personnes peuvent vivre des difficultés liées aux hautes capacités intellectuelles. Par exemple, certains adolescents se retrouvent en échec scolaire car ils n’ont jamais appris à devoir travailler. Un autre exemple : certaines personnes associent les caractéristiques d’hypersensibilité et de haut potentiel. Les émotions plus intenses (dues à l’hypersensibilité) pourraient prendre plus d’ampleur à cause du haut potentiel intellectuel qui pousse à un questionnement permanent sur les ressentis, réactions ou autres.
Un accompagnement qui prend en compte la personne dans sa globalité (les spécificités du haut potentiel ainsi que d’autres caractéristiques de fonctionnement) peut aider à mieux comprendre certains comportements et choix de vie. Comment ? en explorant le passé, en se concentrant sur le présent et en repensant l'avenir. L'accompagnement psychologique peut être utile à chaque âge en fonction des difficultés rencontrées...
Le haut potentiel n’est pas une maladie. De nombreuses personnes manifestant de hautes capacités intellectuelles se sentent bien dans leur peau.
Le haut potentiel peut être vécu comme un cadeau !